En ce 18 Juin, un petit article très cocorico sur les Français à Londres.
La présence française à Londres remonte à la conquête normande par Guillaume le Conquérant en 1066 . Des vagues migratoires se sont ensuite succédé au cours de l’histoire. A tel point que 3 Millions de Britanniques ont aujourd’hui des ancêtres français. L’idée ici n’est donc pas de donner des adresses de restaurants, boulangeries ou boutiques bien de chez nous, mais de rappeler la présence historique des Français à Londres.
Les Normands, la première présence française à Londres
Une grande partie de l’aristocratie médiévale du Royaume-Uni descend des Franco-Normands venus de France avec les Plantagenêts comme les Grosvenor (Gros veneur) présents notamment dans le quartier de Belgravia.
Ainsi, les devises de la monarchie et de l’ordre de la Jarretière viennent directement de l’arrivée de ces Français à Londres : Dieu et mon droit, et Honi soit qui mal y pense. Les Plantagenêts ont en effet régné sur l’Angleterre mais aussi sur les duchés de Normandie et d’Aquitaine, les comtés de Poitou et de Nantes de 1154 à 1485. De cette époque, quelques vestiges londoniens subsistent comme la Tour de Londres ou l’église Saint Bartholomew the Great ou Temple Church (très reconstruite). Néanmoins, la chapelle de l’ancien Palais de Savoie, fondé en 1245, rappelle l’architecture dite normande (romane tardive pour nous). https://royalchapelsavoy.org/
Arrivée des Huguenots et calvinistes : immigration religieuse
Aux XVe et XVIe siècles, les huguenots, protestants français, fuient les persécutions religieuses amorcées dans l’entourage de Catherine de Médicis dès 1560 et surtout après le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572. https://fr.wikipedia.org/wiki/Huguenot.
L’Edit de Nantes apporte un certain apaisement jusqu’à sa révocation en 1685. Beaucoup de ces réfugiés religieux anglicisent leur nom (Blanc devient White, Langlois English). Ils fondent le quartier de Spitalfields. Cette communauté de Français à Londres s’organise autour de ses hôpitaux, écoles et temples, comme la Neuve église en 1743 à l’angle de Brick Lane et de Fournier Street. Fournier est d’ailleurs le nom d’un tisserand huguenot. Elle deviendra ensuite chapelle méthodiste en 1819, synagogue fin 19e, puis mosquée en 1976 suivant les changements sociologiques du quartier.
De nombreux soyeux de Lyon s’installent, obtiennent des privilèges de vente et de fabrication. Ils construisent leurs maisons ateliers. On les distingue encore dans le quartier. Aujourd’hui, Si la population a changé l’empreinte française affleure encore dans le nom de certaines rues : Fournier donc mais aussi fleur de lis.
Ces Huguenots s’installent également dans le quartier de Soho. Les petites rues Greek and Dean regorgent d’adresses françaises, pâtisseries, restaurants. http://www.maisonbertaux.com/. Sur Soho Square, L’église, fondée par charte royale en 1550 partage d’ailleurs un historique très bien fait de la présence huguenote en Angleterre : https://www.egliseprotestantelondres.org.uk/en/heritage/history-2/
J’en parle en fait dans https://visitesfabienne.org/soho
Révolution française, Restauration et Deuxième guerre mondiale : des réfugiés politiques
- L’Emigration désigne le départ de plus de 100 000 nobles, hommes politiques hors du territoire français entre 1789 et 1800. Ils fuient alors les troubles révolutionnaires. Ainsi, Les frères de Louis XVI, élisent-ils résidence à Londres. Le futur Louis XVIII de 1807 à 1814 Charles X , lui, a habité Audley Street dans le quartier de Mayfair. Sur les bords de la Tamise, à Richmond, Orleans House a hébergé Louis-Philippe à l’issue du premier Empire, puis son fils le Duc d’Aumale au lendemain de la 2nde République.
- A Leicester square, se trouve l’Eglise française catholique « Notre Dame de France » construite en 1860 par les Maristes. Une fresque de Jean Cocteau contribue à sa renommée
- En 1940, le Général de Gaulle organise la France libre, mouvement de Résistance extérieure à la suite de son appel du 18 juin lancé depuis Carlton Terrace. Une statue du Général ainsi qu’une stèle rappellent les événements. De Gaulle logeait sur les hauteurs de Hampstead comme en atteste une petite plaque bleue. Dans son exil l’accompagnaient nombres de personnalités politiques tels Maurice Schumann, ou Simone Weil. Aidés des travaillistes britanniques, les Forces françaises libres ont rassemblé jusqu’à 50000 personnesdans la capitale britannique.
Dans les années 2000 une présence française économique et fiscale
« Le » quartier français actuel se trouve autour du métro South Kensington, tout près de Albertopolis (le quartier des musées). Ce quartier, très rural, s’est développé après la grande exposition de 1851 dans Hyde Park. Les pavillons de l’exposition ont laissé la place aux musées et bâtiments universitaires actuels : musée des Sciences, V and A, Histoire Naturelle. Avec le métro et l’ouverture de nouvelles routes vers 1870, la zone a connu un développement foncier, scellé par l’absorption dans Londres.
Entre le consulat, la Résidence de France, le lycée Charles de Gaulle (4500 élèves), l’Institut, fondé en 1910, la maison du cinéma et les nombreuses pâtisseries, librairies et cafés on entend parler français partout. A tel point, que le quartier est surnommé « Vallée des grenouilles ». La croissance de la communauté depuis les années 1990 a conduit à l’ouverture d’annexes à l’école française. En effet, On a parlé jusqu’à 400 000 français entre 1991 et 2010. Aujourd’hui cette population est en pleine décrue. . https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/10/25/dans-la-vallee-des-grenouilles_
Pour les amoureux de peinture française
Enfin l’évocation de la présence française à Londres ne serait pas complète sans la mention des œuvres de peintres français dans les collections britanniques. Je pense bien sûr à la National Gallery avec sa magnifique collection d’impressionnistes mais aussi la salle consacrée à Claude Lorrain, et les salles consacrées à Philippe de Champaigne, Poussin et Boucher entre autres. Ce sera l’objet d’un prochain article.
Néanmoins, Pour les amateurs d’impressionnisme, un tour à la collection Courtauld s’impose. https://courtauld.ac.uk/gallery/collection/impressionism-post-impressionism
Les amoureux de Boucher ou Fragonard et de mobilier eux se régaleront à la collection Wallace.