Vous allez me dire qu’il n’y a plus de muraille à la Havane ! C’est vrai, mais il en reste des traces…
à l’origine de la ville, un Fort colonial
La Havane fut fondée en un premier lieu encore disputé par les archéologues, puis vraisemblablement à l’emplacement du fort de la Chorrera, à l’embouchure du Rio Almendares. Il semble qu’une petite ville ait existé en 1517 à l’emplacement de la place d’Armes avec de nombreuses maisons. La couronne détruisit ensuite ces maisons pour aménager un lieu pour les exercices militaires. Elle dédomagea certains des propriétaires. Et à la fin du XVIè siècle, on construisit le Fort Fuerza Real. il représentait le premier édifice de pierre de la ville naissante. il visait alors à loger dignement le gouverneur espagnol.
On contourne le fort et on emprunte la Calle Tacon. Cette rue prend le nom du capitaine général de l’Ile entre 1833 et 1838. Elle était la plus importante de la ville. Mais tout comme les autres, à l’époque, elle ne portait pas de nom. On désignait alors les artères par leurs monuments ou leurs habitants importants.
A l’angle, la maison d’un constructeur de navires donnait sur la porte de mer. Celle-ci permettait aux petits bateaux de pêche de rentrer dans la ville au-delà de la muraille de mer. Les fouilles au sol permettent d’en voir les fondations. Au-delà des barques, se trouvait le marché aux poissons, un bâtiment à colonnades. Le grand plan d’urbanisme de Forestier à l’origine d’une ville moderne le détruisit au début du XXeme siècle. On le transforma en une large esplanade au bord de la baie.
Une ville coloniale fortifiée
La muraille, initiée en 1674 ne fut terminée que deux siècles plus tard et démantelée très rapidement. On la suit en longeant le séminaire San Carlos et Ambrogio. C’était autrefois Collège Jésuite. Une fois les Jésuites chassés de l’ile, on transforma son église en cathédrale. Jusqu’au début du XXe, le collège donnait sur le mur de protection face à la mer. Le bureau de l’historien a regroupé les canons de la villes sur les excavations.
La muraille mesurait entre 7 et 10 m de hauteur. Au niveau de la fontaine, de la tourelle et de sa terrasse d’exercices, elle changeait d’angle et était protégée en extérieur par le fort de San Salvador de la Punta. Celui-ci peint en jaune faisait face au fort des Rois Mages, peint en rouge ; Le drapeau espagnol apparaissait ainsi clairement à quiconque abordait la baie de la Havane. A ce niveau qui correspond à l’entrée dans la baie, une chaine fermait l’accès depuis la mer. La première forteresse ne suffisant pas à assurer la sécurité de la ville fut renforcée après l’occupation anglaise de 1763 par la construction du fort de la Cabana qui le domine.
Des vestiges de muraille visibles
On peut rejoindre le musée de la Révolution pour retrouver un pan de la muraille, puis suivre le Paseo ouvert à l’emplacement du glacis à la fin du XIXè siècle. Entre la promenade et l’avenue de Belgique, on retrouve des vestiges du mur dans les sous sols des hôtels Parque Central au niveau de la Cafeteria, puis de l’hôtel Manzana. Au pied de l’escalier qui descend du lobby, l’hôtel a fait aménager un petit musée , avec des panneaux et un pan de muraille. Il semble que le futur Gran hotel prévoit le mème type d’aménagement rendu obligatoire par le bureau du patrimoine.
On longe toujours l’avenue de Belgique entre circulation et tas d’ordures pour parvenir à la partie la mieux conservée. Côté ville un plan en relief indique le tracé de cette muraille. Côté extérieur, la ville a aménagé une promenade . Une place perce le dernier tronçon qui mène à la Coubre, au chantier naval et à la route qui longe le port jusque de l’autre coté de la baie…
Un système de fortifications externes, de l’autre coté de la baie, renforçait ce mur . Il s’agit des forteresses des Reyes Magos et de la Cabana déjà évoqués, puis le fort du Prince au niveau de l’actuelle place de la Révolution, le fort Ste Claire dont on retrouve quelques vestiges dans les jardins en hauteur de l’Hotel Nacional et le Fort Atares, derrière le port.