Le Vedado

Le quartier de Vedado aujourd’hui centre commercial névralgique de la Havane s’articule autour de la calle 23. 

Après la Vieille ville et le quartier de Centro, Vedado fut en effet  le troisième territoire ouvert au développement urbain à la charnière des 19 et 20 èmes siècles.

Une des belles demeures de l’avenue du Paseo

 

L’edificio Focsa depuis le Malecon et le stade Jose Marti

Les charmes d’un quartier aéré

De nos jours, Il est aussi peuplé que le quartier de Centro, pour une superficie double. Il est donc plus aéré et moins densément peuplé. En 1870, on n’y comptait que vingt maisons.

Le développement du quartier n’a réellement débuté qu’à la fin du XIXe siècle. Et il a atteint son apogée dans la première moitié du XXe siècle (1920/50) avec la flambée du prix du sucre.

Le Vedado  désigne ses rues par des lettres. Le mot espagnol de Vedado signifie réserve, chasse gardée, ce qu’était l’actuel quartier à l’époque coloniale. Sa partie Est  se situe sur des collines calcaires. On y extrayait de quoi construire la ville. A la base, cette colline boisée entourée de grandes exploitations agricoles permettait de surveiller l’arrivée de pirates ou d’ennemis.  Cette zone avait été bâtie jusqu’au Paseo (les rues portant des numéros pairs) sous le nom de quartier du Carmel.

devant l’Université L et 23

Un exemple de planification

En fait, dans les années 1870, l’urbanisation de ce quartier a représenté l’une des premières tentatives de planification urbaine avec des exigences rationnelles.

L’urbaniste Luiz Yboleon Bosque est à l’origine d’un plan en 1859 pour lotir la zone délimitée par le Rio Almendares, le Malecon, le cimetière de Colon et la Calle Infanta. Cette rue prend le nom de l’Infante Isabel qui régna sous le nom d’Isabel II entre 1843 et 68. Le quartier continue jusqu’au San Lazaro, la rue  la plus proche du bord de mer avant la construction du Malecon. Elle accueillait  les institutions hospitalières. Plutôt inhospitalières en fait : asile, orphelinat, hospice pour lépreux, cimetière Espada (1804/78). Des piscines étaient aussi aménagées le long du littoral.

Le quartier s’organise autour de deux larges avenues sur le modèle parisien : G ou Président et Paseo. La Linea traverse perpendiculairement ces deux artères plus larges et entièrement arborées. Les lignes de transport à cheval puis en tramway donnèrent son nom à l’avenue “Linea”.

Le plan, d’ailleurs respecté, prévoyait des quadrilatères, d’une centaine de mètres de chaque côté. Les seules exceptions se trouvent entre les rues C et D (de 80m de large) et entre D et E (de 120m de large). Douze parcelles, les 4 plus grandes aux coins, les 8 moins grandes au centre occupaient chaque carré. Chaque parcelle devait comporter 5 mètres de jardinet devant la maison et 4 mètres de portique. Ces normes donnèrent  une vraie homogénéité adoucie par la végétation.

Considéré comme un modèle de développement urbain, le quartier se caractérise par la combinaison harmonieuse de maisons de styles variés. Celles-ci s’alignent le long de rues arborées, disposées en damier et identifiées par des lettres et des chiffres depuis l’avenue Paseo.

Un itinéraire dans le Vedado

  • Commencer par le Musée Napoléon http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/musees-de-la-havane/le-musee-napoleon-de-la-havane/
  • puis l’Université annoncée par un grand escalier surmonté par la figure maternelle de Alma Mater menant au bâtiment du Rectorat puis des Sciences. Face à l’escalier monumental se trouve la Bibliothèque. Fondée par les moines dominicains en 1728, sécularisée en 1842, l’Université déménagea après 1902 sur cette colline. L’ensemble constitue un complexe néoclassique avec des accents parfois art-déco construit entre 1906 et 1940.
  • En contrebas, devant l’escalier, place avec monument à Juan Antonio Mella leader estudiantin et créateur du Parti Communiste sous Machado exilé et assassiné au Mexique en 1929.
  • Puis la rue San Lazaro mène à la rue Infanta, limite du Vedado et du Centro avec l’église ND du carmel construite en 1872 dont le clocher de 60m ne fut terminé qu’en 1908 en raison de fissures dans le mur.
  • On peut reprendre la calle L depuis l’Université vers l’Hotel Habana Libre, ex Hilton, construit 10 mois avant la Révolution copie du breakers Hotel de Plam Beach Floride. Admirer la mosaïque d’Amelia Pelaez. Il fut le premier lieu de commandement de Fidel Castro depuis le 24e étage.
  • L’angle de L et 23 est l’un des hauts lieux de la Havane, c’est l’amorce de la Rampa (partie de la 23 en déclivité, où se regroupent cinémas, boites, bar). A l’angle face à face, se trouvent le cinéma Yara et Coppelia, le glacier. Le bâtiment en béton armé date de 1966. En forme d’araignée il peut accueillir 1000 gourmands (très patients vus la longueur de la queue). On peut se contenter de la caravane sur le côté, mêmes glaces en devises, sans queue. (Les glaces étant ce qu’elles sont on peut s’en passer…).

Autres itinéraire : les Hauts lieux de la Mafia

  • On peut  faire un détour par l’Hotel Nacional construit en 1930 pour la pègre. Il reste les canons et casemates de l’antique fort Santa Clara dans le jardin sur la falaise. Son casino faisait alors face à la Floride en pleine prohibition….Le cabinet  américain McKim Mead and White édifia cette construction. Les architectes combinèrent les styles art déco/ néo-classique/ néo colonial avec des mosaïques mudéjares, du marbre local, de beaux plafonds de bois.
  • On peut remonter vers l’Hôtel Capri pour parachever cette visite des hôtels construits pour la Mafia. Il faudrait rajouter le Riviera, inchangé depuis 1957  avec une vue incroyable sur le Malecon – depuis le bar. Je recommande les soirées jazz du bar élégant les vendredis et samedis à partir de 22h.
  • On passe alors devant l’edificio Focsa. Cet immense délire de béton armé de 1956  fait du Corbusier de la Cité Radieuse un petit joueur…  Surtout, il laisse imaginer à quoi le quartier aurait pu ressembler si la ville était restée aux mains des américains. On peut pousser sur la Linea pour admirer le magnifique édifice Art déco Lopez Serrano.
  • Enfin, en continuant calle 17 on peut marcher jusqu’au musée des Arts Décoratifs http://visitesfabienne.org/wordpress/cuba/musees-de-la-havane/musee-des-arts-decoratifs/ voire jusqu’à la casa Musica sur Paseo et au parc John Lennon . On revient alors sur l’avenue des Présidents vers l’hôtel Président (1927), le Musée de la danse et la Casa de las Americas, merveille Art-Déco.