Cette visite du quartier financier de Toronto emprunte Bay Street. Elle montre notamment comment la ville de Toronto s’est agrandie au cours du XXe siècle pour devenir la capitale économique et financière du pays.
Autour de la gare
Elle commence à la Gare (Union Station) sur Yonge Street. Ce beau bâtiment ouvert en 1927 est la gare la plus fréquentée du Canada. Y transitent en effet 6,5 millions de passagers par an. De style « Beaux Arts », contemporain de l’Opéra Garnier, elle emprunte les dimensions colossales des Thermes romains de Caracalla. Ainsi, elle compte 18 immenses colonnes doriques de 27m de haut. Des pilastres plats séparant les fenêtres sans décorations sur 3 étages animent sa façade austère, longue de 750m. A l’intérieur, son magistral plafond vouté et son immense salle des pas perdus de 260m rappellent les noms des villes desservies à l’origine dans les médaillons.
En fait, le terrain a été conquis au XIXe siècle sur le lac et sur l’ancien rivage. Vers 1900, cinquante ans après les premiers voyages en train à Toronto, près de 200 trains transitaient par la gare. Elle a pris le nom de Union car elle servait de liaison entre les grandes compagnies des Canadian National et Canadian Pacific Railways. Cependant, le trafic a beaucoup diminué, la gare a même été menacée de fermeture dans les années 1970.
Face à la gare, l’hôtel Fairmount date de 1929. Il était à l’époque d’une modernité exceptionnelle : ascenseur, chauffage, eau chaude et baignoires dans les chambres. Aujourd’hui , c’est encore l’un des palaces, un lieu de RV. Au dernier étage, sur la terrasse, il jouit d’un potager avec des ruches. Architecturalement il adopte la forme d’un fauteuil avec un dossier central et des accoudoirs. Cette architecture château typique de la chaine se retrouve dans tout le Canada. A l’époque de la construction un souterrain reliait la gare et l’hôtel.
En face de la gare, on accède au métro et au PATH, la ville souterraine près de la Sculpture ‘City People’ de Catherine Widgery.
Sur Front Street
En continuant, se dresse la Royal Bank Tower; de 1973-77. Il s’agit d’ un complexe de deux tours triangulaires de 41 et 26 étages. Entre les deux, un atrium de douze étages vitrés modère le style international des tours. Les murs sont faits de vitres dorées pour refléter le soleil à facettes comme des cristaux de basalte….
Le bâtiment des douanes se trouvait près du port, de la gare et donc à l’arrivée des flux de marchandises. Il date de 1938. Ce bâtiment énorme épouse la courbe de la rue en une colonnade ionique telle celle de Regent Street à Londres.
Encore plus loin, sur Front, le Sony Centre, anciennement O Keefe Center offre une fantastique entrée avec une marquise surdimensionnée de style expressionniste et brutaliste. Effectivement, il est construit en béton armé, et doté de 3200 sièges. Il accueillait le ballet national et l’opéra avant le transfert sur Osgoode.
On voit derrière, sur l’esplanade, le condominium construit par Dan Liebeskind, auteur aussi du Musée juif à Berlin, et du Musée de l’holocauste à Tel Aviv, du ROM, ici une structure incurvée en verre bleuté
Le Hockey Hall of Fame
En continuant sur Front Street, on arrive au Hockey Hall of Fame https://www.hhof.com/ (1885 de style Beaux Arts). L’entrée dans un petit pavillon entre des portiques est ornée d’un dôme de verre et de sculptures rococo. Le tympan est désaxé et dédoublé pour être vu des deux rues. Il se pare de nombreux éléments classiques : piliers corinthiens, mascarons sculptés. Le tout est construit en grès de l’Ohio .
Avant de devenir un musée, la Banque de Montréal s’y était établie depuis 1817. Elle s’enrichit dans les années 1880. Du coup, elle exhiba sa richesse dans de beaux bâtiments. Ainsi, son siège à Montréal en 1845 imite le Panthéon de Rome. Fermé en 1982 ce bâtiment a été restauré et rénové pour devenir le Hockey Hall of Fame avec une entrée au sous-sol de la galerie BCE. Devant, des sculptures, Canada, l’Equipe du siècle 1997 et Notre jeu ; d’Edie Parker; 1994.
Bay Street
Baystreet s’appelait à l’origine Bearstreet car des ours devaient y errer. Au fond de Bay street, on aperçoit la Tour de l’ancien hôtel de ville dans l’axe. Ceci implique qu’elle n’a pas été construite au centre du bâtiment pour en revanche être vue depuis Bay Street….
Dans Yonge street, on entre alors dans Brookfield Place BCE 1989-922. Il s’agit de tours de bureau reliées par une allée couverte entre Bay Street east et Yonge Street avec des arches d’acier peintes comme une rue bordée d’arbres. Au centre, une place à l’européenne avec une fontaine, un restaurant et un magasin de presse (journaux européens). Architecte espagnol, Calatrava spécialisé dans les gares et ponts, avait comme cahier des charges de relier 3 tours, dans un espace chargé d’histoire.
Il a ainsi eu l’idée de déplacer dans la galerie La banque commerciale du Midland, fondée en 1832. Située sur Wellington Street à l’origine, c’était la plus ancienne du quartier, de style néogrec en calcaire. Elle servait de banque au rez de chaussée, et de maison du banquier à l’étage.
En sortant de l’avenue, par Bay Street, on rejoint alors les bâtiments du Dominion Centre, Bank of Toronto. Six bâtiments de style International, datent de 1960 à 1990. Sur Wellington Street, la banque au 79, expose au RDC une étonnante collection d’art Inuit. https://www.td.com/about-tdbfg/corporate-information/inuit-art/index.jsp
Cette extraordinaire collection est due à l’initiative de son directeur, M Lambert qui souhaitait faire connaitre à ses salariés l’art inuit. https://visitesfabienne.org/les-premieres-nations/
On traverse maintenant la rue, et on remonte les marches en face du Dominion Centre œuvre de Mies van der Rohe, le pape du less is more. Entre les tours, « la pâture », une sculpture de vaches au repos,. Elles apportent en fait un air de campagne pour « détendre les financiers » à l’heure du déjeuner. On traverse alors le bâtiment de droite et on parvient dans l’ancienne Bourse.
L’Angle des quatre banques
De l’autre côté de la rue, on monte maintenant des marches avec à gauche une tour de Pei de 1972 l’architecte de la Pyramide du Louvre. Cet angle (King/Bay) regroupe depuis les années 1970 les 4 plus grandes banques de Toronto. Le petit escalier mène à une sculpturereprésentants des’éléphants (2002). La tour moderne ressort face au bâtiment ancien CBC (Canadian Bank of Commerce) de 1930 . Ses volumes intérieurs et plafonds empruntent une nouvelle fois aux plafonds des thermes de Caracalla. On traverse maintenant le Bâtiment d’Ernst &Young, pour retrouver Bay Street en passant le long du Bâtiment de la Bourse, avec une très belle frise art déco enchâssée dans l’ensemble des 6 tours.
On sort par un formidable façade néo romane sur King Street et on se retrouve face à la Scotia Bank (on peut admirer à l’intérieur le relief Art déco (flèche, bois, agriculture… allégorie de la richesse de l’Amérique).
On reprend alors Bay street. A l’angle, la Banque de Montréal devait ressembler à l’origine à un temple. Mais la crise de 1929 a réduit les ambitions comme en atteste la partie supérieure. Plus haute, plus efficace moins décorée, elle témoigne d’une logique plus financière que décorative!
En face, le club “national”très select, (National Club Building). Etonnant de voir ce bâtiment néo géorgien (1874) au milieu de tous les buildings modernes du quartier financier..
On rejoint ma balade dans le centre de Toronto
Aller à l’angle Bay Street / Queen Street, et regarder le bâtiment d’Hudson Bay angle Yonge / Queen. Ce fut le 1er grand magasin de la ville. En 1894, il représentait une vraie révolution. Créé par Mr Simpson, écossais. Face à lui, de l’autre côté de la rue, le concurrent Eaton. A la fin du XIXe et début XXe siècle, les deux se sont livrés une vraie guerre à base de publicités, promotions…Tout cela pour attirer les clients.
Le Bâtiment Hudson Bay est typique de l’école de Chicago et le premier du genre ici . L’ossature est en acier et non en fonte. Elle soutient l’édifice (au lieu des murs) ce qui permet d’avoir de larges vitrines pour mettre en valeur les produits commercialisés.
Autour de l’hôtel de ville
Sur Queen Street, ancien hôtel de ville par James Lennox, l’architecte de Casa Loma. Ce batiment à fonctions multiples est de style néo roman Ridchardsonien …A l’époque, la tour proclame la fierté de la ville.
Lennox voulut signer son œuvre, selon la coutume. On lui refusa ce droit, en raison de ses dépassements budgétaires. Il se vengea en représentant les édiles en singes grimaçants sur les chapiteaux, à l’entrée du bâtiment . Le seul représenté souriant est James Lennox, au milieu d’eux ! Il s’amusa aussi à disperser (une lettre sur 3) sur la frise du sommet les lettres composant son nom…..
A l’intérieur du bâtiment, aller voir le rare beau vitrail.
Derrière l’ancien hôtel de ville, et cachée dans les entrailles du Eaton Centre, l’église de la Ste Trinité . Cette église était consacrée aux pauvres à l’époque, avec son presbytère et la maison du révérant. Un petit jardin rappelle ce qu’a été le lieu et accueille les déjeuners des gens qui travaillent ici mais aussi les deshérités toujours pris en charge par l’église.
Enfin, on arrive au Nouvel Hôtel de Ville par les jardins, il date de 1965. En bas du bâtiment, on trouve des bureaux d’accueil pour les habitants de la ville. Devant, un miroir d’eau se transforme en patinoire l’hiver. On peut suivre la rampe pour finir sur l’inattendu jardin. Dernière surprise de ce parcours dans le Quartier financier de Toronto !!!
Bravo pour ton blog.
Mes meilleurs voeux.
Nous préparons notre retour en France, prévu en avril. Déjà
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