Le Parque Central fait office de carrefour au milieu du Paseo de Marti. Il se trouvait à l’origine juste à l’extérieur de la muraille. Celle-ci date du début du XVIIIe. Elle visait à protéger la ville d’attaques de pirates et de corsaires.
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Sur ce terrain, s’élevait une ferme. Puis ouvrit l’atelier de Jose Albazzi sculpteur de granit. L’artiste était si connu qu’il se présenta à l’Exposition Universelle de 1887 à Paris comme représentant des provinces d’outremer (cf catalogue de l’Expo de 1867, section espagnole).
Un espace libéré par la destruction de la muraille
A la destruction de la muraille (1863), le glacis fut ouvert en zone de promenade et en un espace ouvert et arboré. Destiné aussi à accueillir une circulation croissante, le chemin de campagne initial se transforma en une grande avenue de parade pour les carrosses. Il portait alors le nom de Alameda de Isabel II. Il se composait de trois sections de la fontaine de l’indienne au Malecon.
Inspirée du Prado de Madrid, la promenade fut bientôt bordée de grandes demeures et d’édifices sociaux, avec une allée centrale piétonne, pavée de marbre, des arbres, des bancs de pierre. A la fin de la période coloniale,celle-ci prit le nom de “Paseo de Martí” en hommage au héros de l’independance, même si elle restait communément connue comme “Paseo del Prado”. L’actuel Parque Central remplaça les trois petits jardins en 1877 avec un équipement moderne de luminaires, bancs… Une fois achevé, il devint lieu de rencontre à la place de l’Alameda de Paula et de la place d’Armes. En son centre, fut érigée la première statue de Jose Marti en 1905, en remplacement de celle d’Isabelle II (1850).
Lieu de rencontre de la ville et point de liaison entre la vieille ville et la ville cubaine, le parc est entouré de 28 palmiers symbolisant la date anniversaire de Jose Marti le 28 Janvier.
Avec la croissance de la ville dans la moitié du 19e siècle, le Prado s’urbanisa encore. D’élégantes demeures et immeubles, clubs et théatres le bordèrent alors.
Le Parque, haut lieu théatral.
De nombreux édifices importants apparurent comme en 1870 le “Teatro Albisu”. Il devint en 1918 “Centro Asturiano”. Cet édifice abrite aujourd’hui la section internationale du Musée des Beaux-Arts.
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En 1877 le Teatro Payret ouvrit mais un cyclone le détruisit en 1882. Puis ce fut le tour du Teatro Tacon (dès 1838) et le centre Galicien ensuite englobés en 1907 dans le Grand Théatre une fantastique bâtisse éclectique. C’est en ce lieu prestigieux que se produit le Ballet National de Cuba mais aussi de grandes compagnies de danse internationales. Un double système met à la vente des billets bon marché pour les Cubains et d’autres (au prix fort mais sans queue) pour les touristes.
Carrefour central de la capitale d’un Cuba indépendant
Le Parque Central, devenu carrefour de la ville au XIXe siècle vit aussi fleurir des Hôtels. Après les théatres, il fallut en effet héberger. Ce fut d’abord l’ “Hotel Telégrafo”. Ouvert dès 1835 sur les rues Reina y Rafael , il bougea dans le quartier à la mode en 1888. C’était alors l’ un des hôtels les plus élégants de l’époque avec ses toilettes…
A coté, le “Café y Salón Escauriza”, rebaptisé “Le Louvre”, en 1838 donna son nom à tout le trottoir. Il précéda l’Hotel Inglaterra ouvert en 1856 avec ses salons mauresques. C’était le point de ralliement des libéraux. Il subsiste un charme fâné de ces batiments symboles d’une splendeur passée. A la fin du 19e la familia Pedroso convertit l’un de ses immeubles d’habitation. L’édifice accueillit alors les bureaux du “Diario de la Marina”. En 1909 l’ “Hotel Plaza” engloba l’ensemble.
Enfin le dernier Hôtel de la place vient d’ouvrir à l’emplacement de la Manzana de Gomes. Cette manzana, ou bloc de bâtiments, se convertit en la première galerie commerciale. Elle s’ispirait des passages couverts typiques des capitales européennes à la fin du XIXeme siècle. De style néoclassique elle occupe tout un pâté de maison construit au dessus des vestiges de la muraille. Elle abritait des boutiques et deux théatres.
Le Parque Central, lieu de réunion et loisirs
Au début du XXe siècle, avec la République et l’indépendance, les lieux de réunion et de loisirs se multiplièrent : cafés, clubs, billards. A l’époque, on ne dénombrait pas moins de 188 billards. Ce chiffre avait explosé dans le courant du siècle. Ainsi, le café Central, ouvert en 1914, changea ensuite de fonction et de propriétaires, devenant bar, cafeteria, tabac, presse, glacier, pâtisserie. Avec le temps, l’édifice manquant d’entretien et de soin tomba complètement en ruine. En 1999 l’Hotel Parque Central le remplaça. Il conserve quelques éléments anciens dans sa façade. Il offre d’ailleurs, depuis sa terrasse panoramique, la jolie surprise d’une des plus belles vues sur la capitale. Mais on peut aussi aller voir au sous sol, des vestiges de la muraille démantelée.
Le périmètre du Parque Central fut consacré centre de la ville nouvelle avec l’inauguration en 1929 du Capitole. Ce bâtiment se réfère à l’architecture des Capitoles provinciaux des Etats-Unis. Au delà, il s’inspire de l’architecture républicaine romaine. La coupole elle copie celle du Panthéon. C’est ce symbole républicain et politique et non la Basilique St Pierre de Rome (elle aussi inspirée par le Panthéon) qui sert de modèle à la chambre des représentants et au Sénat Cubains. Ceux-ci se trouvaient jusqu’alors dans la Vieille Ville. Après 1960, le Capitole abrita le ministère des Sciences et Technologies et de l’environnement. Il vient de réouvrir et je vous en conseille la visite !
https://web.archive.org/web/20100826111737/http://www.capitolio.cu/historia.htm