Rajasthan

Le Rajasthan constitue le plus grand état indien . Avec 342 239 km2, il dépasse en taille l’Italie. Situé au nord-ouest du pays, il a pour capitale Jaipur.

Triangle d’or

C’est d’ailleurs en général par la ville rose que l’on aborde cet Etat, qualifié de « Terre des Rois ». La grande majorité des voyageurs venant d’Europe se cantonnent en effet au triangle d’or. Partis de New Delhi, ils se rendent au célébrissime Taj Mahal, à Agra. Ils complètent cette boucle haute en couleur, et en population à Jaipur. Ils traversent au passage trois Etats, celui de Delhi, puis l’Uttar Pradesh, le plus peuplé et l’un des plus pauvre à Agra pour enfin chatouiller le Rajasthan à Jaipur (4M d’hab). C’est dommage car l’Etat a tellement plus à offrir. Le désert du Thar s’étend à l’Ouest avec ses magnifiques forteresses, dont Jaisalmer. Mais il offre aussi des villes princières comme Udaipur ou Jodhpur et d’extraordinaires temples.

Cerise sur le gâteau, une fois éloigné des gros centres de Delhi et Agra, les villes sont à taille humaine, les paysages deviennent plus doux et surtout la population locale est adorable.

Certes les sites sont éloignés les uns des autres et il n’est pas forcément facile d’en voir beaucoup lorsque l’on vient de l’autre bout de la planète. Cependant, si vous n’adorez pas la foule et que vous recherchez le dépaysement, la question de vite fuir New Delhi pour passer plus de temps à découvrir cet état peut se poser.

Province d’histoire

Le Rajasthan résulte d’un regroupement des États princiers Rajputs. Ceux-ci connurent leur apogée entre les VIII et XIIèmes siècles.

 Dans l’histoire, cette terre a vu passer les grands Empires et Royaumes mais aussi nombre d’envahisseurs des Huns aux Moghols puis aux Britanniques. Malgré les vagues migratoires, la population reste marquée par la tradition. Ainsi les femmes portent toujours des voiles colorés sur le visage, les festivals ont gardé leurs couleurs. Les villages apportent un véritable dépaysement et sont particulièrement photogéniques avec leur population aux vêtements très vifs abrité du violent soleil de ces contrées quasi désertiques.

C’est aussi la terre des Maharajas et donc de merveilleuses demeures construites à l’époque moghole. Pour résumer le Rajasthan correspond à l’image rêvée d’une Inde fantasmée. Outre les palais, la région regorge de temples animés et de villes ravissantes et à l’identité forte. Jaipur, rose et caractérisée par ses nombreux palais, n’a rien à voir avec la blanche Udaipur construite autour de 5 lacs artificiels. Quant à Jodhpur, dominée par sa puissante forteresse perchée sur un piton, elle est un modèle de conservation patrimoniale et d’organisation touristique.

Rajasthan pratique

Le Rajasthan est un état en grande partie désertique. Il y fait donc très chaud et sec. Il se compose de deux parties très distinctes :

  • au nord-ouest, s’étend le désert du Thar bordé par la frontière du Pakistan.
  • au sud-est, la fertile vallée de la Chambal, beaucoup plus peuplée, séparée du désert par la chaîne des Ârâvalli, qui borde la ville de Jodhpur. C’est dans cette chaine que se forment les quelques rivières alimentées par la mousson estivale.

Se loger

Le Rajasthan déjà remarqué par l’Unesco à de nombreuses reprises est un modèle de développement touristique.

Dès lors il est facile et souvent bon marché de trouver de beaux hébergements, aussi bien dans des palais que des maisons traditionnelles, les Haveli. Vue la qualité de certaines de ces demeures, je ne vous conseillerais pas les hôtels de chaine.

Venir et se déplacer au Rajasthan 

Le train ne relie pas toutes les villes. Le bus peut être pratique mais un peu folklorique. L’avion dessert plusieurs villes. A Udaipur, l’aéroport est petit et se trouve à 1 bonne heure du centre-ville. En revanche, il est proche du centre de Jodhpur et pratique. Quant à celui de Jaipur il est plus grand avec de jolies boutiques (rien à voir avec le somptueux terminal de Hyderabad néanmoins) et dessert relativement bien le pays. Une voiture avec chauffeur permet de s’arrêter dans les villages et temples mais l’état des routes implique de longues heures de voyage. Vos arrêts dicteront en fait votre moyen de locomotion. Il s’agira d’arbitrer entre votre volonté de visiter plusieurs villes ou de découvrir la campagne et les sites.

Hampi

Cette semaine, je vous retrouve pour vous parler des visites immanquables de Hampi. La semaine passée, je m’étais penchée sur quelques aspects pratiques. Ici, vous trouverez trois grands ensembles, visitables au pas de course ou, si vous êtes véhiculés, en une grosse journée.

watchtower in Zenana enclosure

 Pour bien en profiter néanmoins, je vous conseille d’étaler sur deux jours la découverte des zones nord et sud. N’oubliez pas si vous avez un budget serré que les deux temples plus musée qui requièrent un billet (groupé 600rp) s’étendent sur les deux zones. Dans ce cas, gardez la visite des autres temples pour le jour suivant.

paysage de rochers

Temple Virupaksha

C’est ici que s’arrêtent le bus et en général les tuk-tuk.  Celui-ci n’est pas payant et il regorge d’animation. Fondé au VIIIème siècle, puis agrandi sous les Vijayanagar, ce serait le plus ancien temple de la ville.  C’est toujours un lieu de pèlerinage même depuis la destruction de la ville. Il regroupe de nombreux petits temples antérieurs. Un long portique y mène depuis le parking et correspond au marché ancien. On y entre par une grande Gopuram puis une grande cour rectangulaire. Une plus petite Gopuram de 1510 mène à une loggia hypostyle. Sur le côté une cuisine commune.

Une autre cour mène au mandapa de Shiva, origine du temple. Le plafond du mandapa central (salle à piler au milieu de la cour) est peint. Les piliers sont ornés de yalis, ces montures mythiques à tête de lion, caractéristiques de l’art Vijayanagara. La Gopuram Nord ouvre sur le réservoir et la rivière. Le temple reste très actif et fréquenté avec son éléphant.

Temple Virupaksha

La colline Hermakuta et ses deux Ganesh monolithiques

Au sortir du temple, on peut grimper sur les dalles de granit vers la colline Hermakuta. De nombreux petits sanctuaires plus anciens que les Viyajanagara s’y succèdent. Une jolie vue englobe les champs alentours. On y déniche deux énormes statues monolithes de Ganesh, dans de petits édicules. De l’autre côté de la colline s’étendent les portiques du marché de Krishna « Bazar ».

Il ne faut pas chercher ici de bazar moderne mais des colonnades qui abritaient autrefois les commerces. Au milieu du marché se trouvait un Pushkarani, réservoir d’eau.  En face de ces portiques, de l’autre côté de la route, se trouve le temple de Krishna assez abimé.  Au sud de ce temple, de petits sanctuaires abritent le lingam de Shiva (3m de haut) et le plus grand monolithe Yoga-Narasimha, avatar homme-lion de Vishnu Narasimha en position de yogi de près de 7m.  Ces deux derniers sont tout à fait impressionnants par leur taille et leur qualité sculpturale.

Autour du temple Achyutaraya

En longeant la rivière Tungabhadra et en reprenant le portique du marché devant le temple Virupaksha, on atteint un grand monolithe de Nandi au museau abimé. Puis en cheminant dans les rochers ou le long de la rivière, on atteint un peu au milieu de nulle part, le temple Achyutaraya (1534). Ce temple fait face au Nord et est dédié à Vishnu comme en attestent les reliefs sur les colonnes. C’était un des lieux importants de la ville. Depuis la Gopuram d’entrée, la rue bordée de colonnades, dite « des courtisanes » mène à la rivière.

Le chemin de droite continue à travers les petits édifices religieux jusqu’au temple Vittala en passant par une belle porte et la balance du roi. En contrebas, un mandapa facilite l’accès à la rivière tumultueuse entre les rochers.

Le temple Vitthala essentiel lors d’une visite des immanquables de Hampi

Pour visiter ce temple il faut prendre ses billets et se munir de patience car la foule se presse devant la billetterie, et les petites voitures de golf prête à éviter 10mn de marche.  C’est le temple le plus sophistiqué d’Hampi malheureusement il est très refait. Vitthala est une des formes de Krishna. Une Gopuram permet d’accéder à la grande cour avec ses mandapas à piliers magnifiquement sculptés et son fameux chariot, en fait sanctuaire à Garuda. Ce chariot figure d’ailleurs sur le recto des billets de 50rp.

Juste à l’extérieur de ce magnifique temple malheureusement souvent bondé, une autre allée bordée de portiques ramène à la route. Elle passe devant un temple à Shiva, un réservoir et un joli petit temple dont les yalis sont remplacés par des chevaux, ceux des marchands qui s’y arrêtaient.

Le palais royal

On atteint d’abord les bains de la Reine, ravissant pavillon à bassin, de style indo-islamique. Les petites coupoles du corridor qui entoure le bassin diffèrent toutes les unes des autres. Il s’agit certainement d’un des lieux les plus raffinés de l’antique cité de Hampi.

On accède alors au Palais royal dont il ne reste que peu. L’ensemble a subi d’importantes rénovations. Néanmoins on y voit la terrasse du roi, Mahanavami platform, certainement une grande salle d’audience dominant la ville. Le socle est décoré de reliefs illustrant la vie au 14e s ainsi que les activités royales. Plus loin, le souterrain pouvait servir de trésor. On découvre surtout l’aqueduc, qui alimente le réservoir à degrés, très photographié. Découvert en 1980, il a subi une véritable reconstruction. Juste derrière, s’ouvre l’énorme complexe de bains.

Le complexe Zenana, l’un des immanquables de Hampi

En continuant, on atteint l’enceinte des femmes Zenana, dernière partie des monuments payants. Il s’agit certainement de l’ensemble de monuments les plus immanquables de Hampi. A l’abri de murs cyclopéens, le grand enclos regroupe le très élégant bâtiment du lotus sur deux étages. Avec ses arcs polylobés et ses dômes, il apporte les raffinements indo-islamiques au complexe architectural. Si l’on ne connait pas sa fonction, ce mélange d’architectures hindoue dans la forme pyramidale et d’éléments islamiques est très réussi.

Dans le même enclos, la salle de garde ou trésor abrite une partie des collections du musée archéologique. Deux bâtiments en ruine et trois tours de guet indo-islamique se dressent non loin. Une porte mène à un second enclos où se dresse le grandiose étable des éléphants. Dans cette rangée de 11 pièces, tous les dômes diffèrent. A la perpendiculaire, le bâtiment des gardes, articulé autour d’une veranda, accueille lui aussi des collections lapidaires du musée. Pour ceux qui disposeraient de plus de temps, la visite de Hampi recèle d’autres jolies découvertes. Pour vous en parler je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine.