Derrière l’image idyllique de jolie ville coloniale française, Pondichéry a beaucoup à offrir.
Pondichéry et ses surprises
Première surprise. Connue dès l’antiquité, la côte attirait déjà les Romains dès avant notre ère. Outre le site d’Arikamedu, on découvre des vestiges romains au musée local. Perdues au milieu des terres cuites Pallavas, (4e au 10eme siècle,) et des rares vestiges cholas (10e et 13e), elles font l’objet de maigres cartels. Les gardiennes du musée, plus empressées à causer entre elles qu’à vous renseigner, vous vilipendent violemment si vous tentez subrepticement la moindre photo.
Le musée de Pondichéry expose avec le même manque d’intérêt pour l’histoire une chaise à porteur et un cabriolet en triste état. Malheureusement, l’activité commerciale des Portugais et des Hollandais n’y apparait pas. En revanche, la présence française depuis 1674 transparait dans les meubles horriblement vernis, un buste de Marianne caché dans le capharnaüm. Ces objets attestent à leur manière de l’enrichissement et de l’embellissement de la ville à l’époque française.
Pondichéry, la Française devenue indienne
Ce n’est qu’en 1954 que Pondichéry a voté son rattachement à l’Union Indienne. Le transfert ne se fit qu’en 1962. Mais le territoire reste indépendant du Tamil Nadu. Les lois y restent plus souples (notamment en matière de consommation d’alcool). Certains habitants ont choisi de rester français, ce qui ne va pas sans poser de lourds problèmes.
Cette histoire particulière explique la présence inhabituelle en Inde de nos concitoyens mais aussi l’empreinte culturelle (et gastronomique) prégnante dans la « ville blanche ».
L’ancien comptoir des Indes a en effet conservé son quartier français avec ses boulangeries, restaurants rues qui rappellent la présence coloniale entre le XVIIè et le milieu du XXè siècle. Le canal, aux allures d’égout à ciel ouvert sépare cette « ville blanche » en bord de mer, du quartier tamoul.
Le quartier français.
Derrière la longue promenade le long de la plage avec son monument à Gandhi, les jolies maisons coloniales aux murs jaunes à pilastres et corniches blanches cachent des patios arborés. Avec leurs persiennes en bois et leurs bougainvilliers, elles longent des rues perpendiculaires. Çà et là, émergent des souvenirs de la présence coloniale. On longe ainsi le Lycée, célèbre pour être le premier où se tiennent les épreuves du baccalauréat, de délicieuses boulangeries ou des enseignes en français. On suit le souvenir de Dupleix, station de métro mais aussi gouverneur de la province.
Malheureusement, le charme du quartier disparait peu à peu, grignoté par les maisons grises conquises par la communauté d’Auroville et de l’ashram de Sri Aurobindo. C’était le lieu de résidence du philosophe gourou et de la Mère, française à l’origine d’Auroville. On peut visiter leurs appartements et se recueillir devant leur tombeau. Les plus passionnés peuvent se rendre à Auroville et supporter le processus d’entrée. A vous néanmoins de vous renseigner et de juger si vous adhérez à l’initiative.
Verdures et Plages, le charme de Pondichéry
Il n’y a pas beaucoup de monuments. Cependant, le charme de la ville blanche, les jolis cafés, le calme et la relative propreté en font une pause unique en Inde. On peut néanmoins visiter l’église ND des Anges, passer du temps dans les jardins. Par exemple, le mémorial gréco-romain du parc Bharathi et les beaux bâtiments coloniaux.
Le temple d’Arulmigu Manakula Vinayagar , consacré à Ganesh, est très vivant et surtout, fait rare, les non hindous peuvent y entrer. Lakshmi, l’éléphante qui venait bénir dévots et curieux vers 18h00 est malheureusement décédée d’une crise cardiaque récemment.
« La Promenade », est une plage de gros rochers. Ils gênent l’accès à la mer. De toutes façons, la baignade y est interdite. En revanche, c’est un plaisir d’y marcher et d’y regarder l’animation. Le matin tôt, les locaux font leurs exercices et profitent de la relative fraicheur. En revanche, très peu de restaurants ou de cafés bordent la plage.
Le quartier tamul
Ce quartier offre une ambiance toute différente. On retrouve l’Inde bruyante avec sa circulation chaotique, ses cris, klaxons et les ordures. Cependant, y subsistent quelques vestiges français. Ainsi, l’étonnante église du Sacré cœur, néogothique, et la cathédrale de l’Assomption plutôt néo-baroque.
Si les rues demeurent perpendiculaires, l’architecture des maisons tamoules y diffère. Les maisons coloniales joliment entretenues et encerclées de hauts murs s’ouvrent sur des patios arborés. Au contaire, les maisons tamoules s’ouvrent vers l’extérieur par des vérandas sur rue (thalvaram) avec un toit en appentis sur des poteaux en bois. Souvent, on trouve aussi un thinnai, une plateforme surélevée adjacente à l’entrée principale de la maison. L’ensemble, plus délabré, manque de la verdure charmante de la « ville blanche ». Une maison musée poussiéreuse, Sri Ananga Mansion, se dresse en face de l’entrée du marché, mais ses horaires erratiques posent un vrai problème au visiteur.
L’inde commerçante du quartier tamoul.
La rue Nehru marque le centre de l’activité marchande. S’y cache le dédale du marché Goubert. Enorme et particulièrement vivant, il regorge de produits, de senteurs et de couleurs.
Malgré l’absence de trottoir et la circulation de ce quartier, il faut s’y promener. On peut pousser vers le Nord jusqu’au temple dravidien de Varadaraja Perumal dédié à Vishnu et point de départ de la ville ancienne. On peut aussi se rendre au jardin botannique ou à la tour de guet avec le petit marché.
Pour un jour ou deux jours, Pondichéry marque une étape adorable. L’on se plonge avec délices dans les rues calmes et arborées du quartier colonial et on s’arrête avec bonheur dans ses cafés au charme suranné.
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