Le grand canot moderniste posé sur la verrière le long de la rue Dundas fait aujourd’hui figure de symbole de l’AGO, Galerie d’Art d’Ontario. https://ago.ca/
Pourtant, pour qui prend la peine de contourner le pâté de maison, une toute autre image de l’AGO apparait. Elle révéle une construction biséculaire. Ses agrandissements reflètent d’ailleurs l’évolution d’ un quartier en constante redéfinition.
Ici une visite du quartier de l’AGO : https://visitesfabienne.org/lheritage-colonial/
L’AGO, un bâtiment remarquable
Sur le parc accolé au musée s’ouvre en effet l’ une des rares demeures coloniales de Toronto « The Grange ».
Construite entre 1812 et 1815 pour d’Arcy Boulton, gentilhomme britannique, cette belle maison géorgienne en briques rouges, rappelle l’époque des « Family Compact ». A l’époque, la ville naissante de York motivait les aristocrates à venir d’Angleterre s’installer sur ces terres lointaines. La ville se situait alors entre le petit centre urbain, autour de l’actuel marché St Lawrence et Fort York, près de Bathurst Street. L’idée consistait à attirer des colons pour asseoir la couronne. Pour ce faire, celle-ci accordait des parcelles de 100 ares. Celle de D’Arcy Boulton, toute en longueur, s’étendait de la rue Queen au Sud à la rue Bloor au Nord et de la rue Mc Caul à l’est à la rue Beverley à l’ouest. Elle était donc très longue et étroite.
Pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille de 8 enfants, le propriétaire des lieux démembra dès les années 1840. Il vendit en effet des parcelles de ses terres au Nord au King College. Puis il céda au sud pour la construction de l’église anglicane st George le martyr .
On perça alors les rues Dundas, St Patrick . pour être loties. En effet, des immigrants s’installaient dans le quartier autrefois aristocratique. Ils arrivaient par vagues successives, d’abord des Iles Britanniques, puis d’Europe Centrale, et enfin de Chine.
Pendant ce temps, La maison, passa entre les mains de William Boulton puis de sa veuve Harriet et de son second époux, l’ érudit Golwin Smith. Le couple lègua la demeure familiale à la ville pour y abriter la première Galerie d’Art.
De collections éclectiques à l’AGO
A mesure, que la ville croissait, l’AGO s’enrichissait et s’agrandissait, devenant le miroir des modes architecturales. Une adjonction néo renaissance dans les années 1920 sert aujourd’hui de cour intérieure, puis les ajouts en béton brut des années 1969 et 1970 modernisèrent les galeries. Enfin, le grand architecte local mais oublié Franck Gehry n’habilla l’ensemble d’une enveloppe résolument contemporaine. Il couvrit ainsi de verre la façade Nord et de titane bleu la façade sud comme pour mieux la lier au lac.
A l’intérieur, les collections répondent à l’éclectisme architectural du bâtiment . Une remarquable collection d’ivoires anciens voisine avec un salon de collectionneur à l’ancienne,. Quelques très beaux hollandais répondent au « salon des Impressionnistes » européens. L’étage se veut résolument canadien exposant aussi bien des œuvres autochtones, que des impressionnistes et académistes locaux mais aussi le « groupe des sept », ici Lawren Harris..On remarquera la magnifique collection du peintre autochtone Norval Morisseau. Son oeuvre très colorée illustre la richesse des arts canadiens. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/norval-morrisseau
On ne saurait finir une visite de l’AGO sans un crochet par la magnifique salle des Moore. Celle-ci correspond à la plus grande collection publique d’œuvres de l’immense sculpteur anglais. Elle jouxte une toute petite mais magnifique salle consacrée aux petits objets autochtones et aux arts premiers.
Puis s’ouvre la « Galleria Italia » chef d’œuvre architectural de Gehry, élégant trait d’union entre les galeries et la rue . On y déguste un merveilleux chocolat maya en surplombant l’un des quartier les plus animés de Toronto.